L'ARBRE (AI POEM)
Cette œuvre vidéo propose une interprétation visuelle d'un texte de Jiddu Krishnamurti. Mon approche, nourrie par ma sensibilité, vise à diriger plusieurs Intelligences Artificielles génératives afin de composer une œuvre poétique, sortant des biais et effets de styles caractéristiques de ces outils.
J'ai travaillé de façon fragmentée, c'est-à-dire en livrant phrase par phrase sans recontextualisation. Ce processus a engendré des représentations souvent abstraites et déconnectées, qui se sont néanmoins assemblées harmonieusement.
Vidéo (couleur, son stéréo) 2K
2 min
2024
Près de la rivière, il y a un arbre que nous avons regardé jour après jour, pendant plusieurs semaines au lever du soleil. Quand l’astre s’élève lentement au-dessus de l’horizon, au-dessus des bois, l’arbre devient brusquement tout doré. Toutes ses feuilles résonnent de vie, et vous voyez, au fil des heures, une qualité extraordinaire émaner de lui. Elle semble s’étendre par tout le pays, au-delà de la rivière. Le soleil monte encore un peu, et les feuilles se mettent à frissonner, à danser. Avant l’aube, l’arbre est sombre, silencieux et distant, empreint de dignité. Au point du jour, les feuilles illuminées et dansantes, il vous donne le sentiment de percevoir une grande beauté. Vers midi, son ombre est profonde, et vous pouvez vous y asseoir, à l’abri du soleil, avec une liberté que seuls les arbres connaissent.
Vers le soir, quand le soleil couchant illumine l’ouest, l’arbre peu à peu s’assombrit, se referme sur lui-même. Le ciel est rouge, jaune, vert, mais l’arbre reste silencieux, retranché, il se repose pour la nuit.
Si vous établissez un rapport avec lui, vous êtes en rapport avec l’humanité. Vous devenez responsable de cet arbre et de tous les arbres du monde. Mais si vous n’êtes pas en relation avec les êtres vivants de la terre, vous risquez de perdre votre rapport à l’humanité, aux êtres humains.
Nous n’observons jamais profondément la qualité d’un arbre; nous ne le touchons jamais pour sentir sa solidité, la rugosité de son écorce, pour écouter le bruit qui lui est propre. Non pas le bruit du vent dans les feuilles, ni la brise du matin qui les fait bruiter, mais un son propre, le son du tronc, et le son silencieux des racines. Il faut être extrêmement sensible pour entendre ce son. Ce n’est pas le bruit du monde, du bavardage de la pensée, ni celui des querelles humaines et des guerres, mais le son propre de l’univers.
Jiddu Krishnamurti
Dernier Journal
le 25 février 1983 à Ojai, en Californie.
© Copyright Caroline Benech